mercredi 5 novembre 2008

Envie d'écrire

Plus de deux mois se sont écoulés depuis notre retour. Temps nécessaire pour reprendre pied et réaliser ce qui nous arrive. Reprendre le rythme de la vie ici. Retrouver son chez soi. Poser les bagages. Un peu partout. Nous sommes dispersés comme nos affaires. Drôle de sensation comme une impression d'être décalé. Etre là sans véritablement y être. Le quotidien nous retient, nous rythme. L'esprit est ailleurs. Je le sens, le ressens. Il me manque le vent de là-bas, les bruits de ces espaces sans fin, la route qui nous remue...
Se hâter de développer les diapos. Allumer la table de projection. Poser la diapo. Et alors... plonger les yeux et partir là-bas...

Une autre, puis une autre, encore une autre...

dimanche 14 septembre 2008

Et maintenant...

Le blog continue sa route. Le voyage ne s'arrête pas là. Pleins de projets sont en cours. Préparation d'expos de photos. Contacts pris avec des festivals du voyage pour l'année 2009.
Bruno va attaquer le visionnage des cassettes vidéo en vue de réunir, de monter ce qui peut devenir un concentré d'images, d'émotions, de tranches de vie. Enfin un film peut-être...
Quant à moi, l'idée d'un livre me fait envie. A partir de mes écrits et des photos, quelque chose peut germer tout doucement. Je vais me mettre à la tâche, prolonger le voyage, le revivre...
Alors si l'aventure vous tente, EDITEURS de tout horizon, contactez nous...

vendredi 5 septembre 2008

Pour vous.

Qu'ils soient longs, courts, étonnants, surprenants,
encourageants, amusants, touchants,
tous vos messages sont des témoignages d'affection
A chaque fois du bonheur à vous lire...
Régine, Taxifly, Richard, Voisin de Bahia, Gigidu03, Evelyne, Philippe, Astrid et Erick, Jérôme, Dame Flo, Corinne C, Personne n', Annekadi, Stéphane et Pascale, Jean-Paul, Yves, Miss Lucy et Claude, Virginie et Gaël, Valérie, Rodolphe, Rachel, Virginie, Philippe Deck, Gérard, Fabrice et Elsa, Adeline, Olivier et Claire, Chantal, Emma et Stéph, Isabelle F, Sébastien, Laurence, Sylvie, Jilani, F. Comotto, Jean, Samaritan, Marc Alaux, Mizafarova, Dalidec, Chriscoco, Sylfred, Fabien, Miam, Hélène J, Fabienne Gilet, Carole, Hervé 03, Spb
Et tous ceux qui n'ont pas pu, pas osé...
Ceux qui nous ont suivi pas à pas...

mardi 2 septembre 2008

Quelques mots.

Le voyage nous dépouille un peu plus chaque jour, nous ramène à l'essentiel. Il fait de nous des êtres vulnérables, fragiles, en prise avec le monde. Etre en mouvement, être en émotion. Recevoir pour donner. Instant de la rencontre. Beauté du monde.
Puis vient le temps du retour. Revenir à ce qui nous rattache. A chaque fois un peu différents. Décalés. A l'intérieur de soi. Rentrer pour retrouver ses attaches, son coin de vie. Avec en plus, le rêve, l'envie...de repartir.
Partir pour écouter chuchoter le monde, aller à la rencontre de l'autre et des terres d'ailleurs, retrouver le vent des routes, la poussière des pistes...

samedi 30 août 2008

Le retour.

Vendredi 22 août. Nous pénétrons sur le sol français. Après une courte traversée par l’Allemagne. La première envie qui vient. Acheter du pain. Qui croustille et qui sent bon.
Samedi 23 août. Continuons notre avancée. Le temps s’écoule. Heure après heure, nous nous sentons de plus en plus inquiets. La gorge se noue. Le ventre aussi. Moments de panique à l’approche de l’heure dite. 17h 23, heure fatidique. Nous voilà. Approchons de la maison. Même le Land est muet. Plus de klaxon. Ils sont là. Famille, amis pour nous accueillir. Arrêt du moteur.

Frissons. Nous descendons. Comme une histoire qui se termine. Pourtant, on voudrait qu’elle continue, qu’elle nous emmène plus loin, qu’elle nous raconte d’autres moments. Voilà, nous nous

retrouvons. Chaud au coeur. Mais dans nos têtes, tout se bouscule. Les mots nous manquent. Difficiles de parler. Je sens les larmes qui coulent de mes yeux encore éblouis par le bleu du ciel de Mongolie. J’essaye de les retenir. Vos paroles me ramènent ici. Me raccrochent. Je suis avec vous. Corporellement. Comment vous dire ce que nous avons vécu ? Que le voyage c’est ce sentiment de se sentir vivre… Les mots ne suffisent pas… Je me tourne vers vous pour accueillir vos sourires, vos regards qui brillent. Il fait bon d’être avec vous.

jeudi 21 août 2008

Ukraine, puis la Pologne…

Traversons chaque pays. Pas trop envie de s’arrêter et de visiter. Etape à Zakopane. Beaucoup de touristes. Bivouac ce soir près de la rivière. Puis maintenant l’Autriche. De nombreux lacs. Faisons étape au bord d’un lac couleur bleue lagon. Se baigner. Prendre du temps au soleil. Puis direction l’Allemagne. Ensuite la France. Ici, tout semble pareil. Société de consommation. L’homme court après le temps, l’argent… L’Europe. Son uniformisation. Perdition des différences. Que va-t-il rester ?

Pas envie de faire de photos. Appareil rangé. Il s’est tu. Sauf les mots qui me poussent à écrire. Ecrire ce que je ressens… sur le chemin du retour…

dimanche 17 août 2008

A travers la Russie.







Onze jours. Huit mille kilomètres. Des régions différentes avec chacune leur particularité. Vaste pays. Longueur de la route. Qui n’en finit pas de dérouler son tapis d’asphalte. Plus de piste, plus de trous ou presque… Le Land a pris sa vitesse de croisière. Il semble apprécier. Quant à nous, à l’intérieur, notre regard se porte sur des paysages qui défilent jour après jour. Plus de steppes. Mais des immenses forêts. A perte de vue. La taïga. Avec sa multitude de moustiques. Qui sont énormes. Impressionnant ! Au bord des routes, des vendeurs de girolles, de myrtilles, de fraises. Ce soir, poêlée de champignons. Très bon mais lourd à digérer ! Notre estomac n’est plus habitué à manger cela.
Au fil de notre avancement, la forêt disparaît. Elle laisse place à d’immenses champs. Immenses cultures. De blé, de tournesol. Même les tracteurs sont gigantesques. En fait, ce sont des « bulldozers »…
Etape à Samara. Au bord de la Volga. Fleuve qui parcourt plus de trois mille sept cent kilomètres. Ville agréable. Balnéaire. Sauf qu’aujourd’hui, il pleut. Du vent. Personne sur la plage. Les parasols sont fermés…
Chaque soir, quête d’un bivouac. Moment de repos après des journées qui nous épuisent. Le lendemain, recharger le Land. Coup de clé. On démarre. Reprendre la route. Le retour s’annonce. Moment de panique ! Envie d’avancer, de rentrer. Et puis non, envie de poursuivre la route, le chemin vers un autre ailleurs. Vie de nomade. Cette errance qui nous va bien. Chaque jour, un nouveau jour… Comment faire ?...

vendredi 8 août 2008

Irkoutsk. L’ile d’Olkhon.





Irkoutsk, ville tranquille proche du lac Baïkal. La ville étale ses jolies maisons en bois. Appelées Isbas. Fenêtres colorées, bleues, vertes, jaunes… Région de taïga. D’immenses forêts de conifères. Epicéas et sapins essentiellement. A perte de vue. Sombres et impénétrables. Parfois, petite trouée qui vient révéler un village. Tout petit au milieu de cette étendue sans fin. Partons pour l’ile d’Olkhon. Mesure soixante douze kilomètres de long. Petit paradis. Terre des chamanes. Considéré comme l’un des cinq pôles mondiaux de l’énergie chamane. Comme la région de Touva qui se trouve au Sud. Proches des Mongols. Partagent leur héritage culturel. Région réputée pour les chants diphoniques, les Khöömi. Voici un site, http://www.tarbagan.com/
Atteignons l’embarcadère de l’ile après avoir traversé la taïga. Prendre un ferry. La traversée dure dix minutes environ. Quelques voitures sont déjà là. Il est 14 h. Des cars arrivent. Attente. Puis 15 h, 16 h, 17 h. Toujours rien. 18 h. 19 h, enfin nous montons sur le ferry. L’ile s’ouvre à nouveau. Belle et tranquille. Plein de petites criques. Des plages. Des petits villages en bois. La vie est tranquille ici. Quiétude. Il fait chaud. Le soleil nous réchauffe. L’ile prend plein de couleurs douces. Etape au plus grand village, Khoujir. Allons voir le port qui, autrefois, était en activité parune pêche abondante. Maintenant, plus rien. Des bateaux qui rouillent et entament leur lente agonie.
Deux jours à passer dans cet endroit plein de charme. Se reposer au bord de la plage. Ne rien faire. Se baigner. Impossible. L’eau est trop froide ! L’hiver, il fait – 30°C. Le lac gèle et l’on peut rouler en voiture, faire du patin à glace… Envie de revenir en hiver pour vivre cela…
Profiter du dernier jour ici. Etre en forme et plein d’énergie pour avaler les milliers de kilomètres de route qui nous attendent pour la traversée de la Russie…

lundi 4 août 2008

Et si on se retrouvait…

Vous,
famille, amis, voisins, personnes connues ou inconnues,
qui avez parcouru des centaines de lignes pour nous suivre
jusqu’au Ciel Bleu de Mongolie
retrouvons nous autour d’un apéro-grignotes à la maison
pour notre retour prévu
le samedi 23 août à 17h23, heure locale

Si chacun peut apporter un p’tit truc à boire ou à manger.
Pour nous, ce sera Vodka et quelques restes…

Retour à Ulaan Baatar.







Revenons à la capitale. Elle a retrouvé son calme après les agitations et les émeutes qui ont fait suite aux élections du Parlement. Voici un lien possible que Jérôme nous a fait passer : http://www.20minutes.fr/article/240346/Monde-violences-post-electorales-en-Mongolie-le-president-decrete-l-etat-d-urgence.php
Sommes allés voir le siège de l’ancien Parti Communiste. Marques de l’incendie. Bâtiments noirs…
Etape de repos après les pistes cassantes de l’ouest. L’été est arrivé. Jeunes filles et jeunes femmes sont vêtues de jupes, robes, shorts. Beaucoup de touristes sont arrivés. Des américains, des français essentiellement. Et puis toujours ces enfants des rues qui arpentent les artères principales en quête de quelques sous, d’une glace, d’une boisson… Sommes allés à la Fondation des Enfants de Christina Noble. Avons rencontré un responsable permanent. Pleins de projets intéressants pour tous ces enfants. Leurs avons remis des vêtements que nous avions emportés. Le reportage qui est passé sur nos écrans télé s’est fait avec eux. Pleins de photos sont accrochées au mur. Emouvantes… Aller voir le site de la Fondation : http://www.cncf.org/
Visiter quelques musées. Le musée d’histoire naturelle. Musée national d’histoire mongole. Aller au marché de Naarantul. Le plus grand marché de la ville. On trouve de tout. Même des antiquités. Notre visa se termine bientôt. Il va falloir quitter la Mongolie. Sentiment étrange.

Tout se mêle. Ambiguité. Envie de rester et à la fois envie de partir. J’ai des frissons. Envie de refaire le voyage pour mieux le vivre. Comme si on n’était pas vraiment prêt à tout saisir, ressentir, comprendre la première fois. Alors revenir un jour prochain. Une autre fois. Peut-être…
Aujourd’hui, c’est le départ. Passage de la frontière avec la Russie en direction du lac Baïkal. Nous remontons au nord. Plus de piste mais du goudron. Et toujours les yourtes, les troupeaux, les hommes à cheval. Grand ciel Bleu. Comme un cadeau ! Il fait déjà très chaud. Température de 37°C. Nous nous rapprochons de la frontière, moins de troupeaux, de yourtes. Le paysage

commence à changer. De moins en moins de steppes. Encore quelques yourtes, quelques chevaux. Puis, plus rien… Etrange sensation. Le poste frontière est là. Remplir les documents. Coup de tampon. La Russie nous accueille. Forêts. Eglises. Maisons de bois. Tout paraît petit, cloisonné. Barrières aux maisons. Plus cet espace de vie immense où le regard peut se perdre… Il se fait tard. Bivouac dans la forêt. Orage. Il commence à pleuvoir. Invasion de moustiques. Désagréable. Ce matin, il pleut à nouveau. Ciel bas. Gris dehors, gris dans mon cœur aussi. Ils me manquent déjà. Les troupeaux, les yourtes, les chevaux, leurs galops, leurs hennissements. Et puis les femmes et les hommes. Et les enfants aux joues toutes rondes. Et le vent des steppes…

jeudi 31 juillet 2008

En route pour l’Ouest. Khovd.


Reprenons la piste pour la région de l’Arkhangaï après plusieurs jours à Karakorum. Reprendre le rythme. Piste roulante. Passage défoncé. La piste traverse le paysage dont le vert est dominant. Beaucoup de pluie. Beaucoup d’herbe pour les troupeaux. On les nomme les Cinq Museaux avec les chameaux en plus. De nombreux troupeaux de yacks ici. Plein de poils. Impressionnants. Emettent un drôle de grognement. Pas trop rassurée quand il faut passer à côté. Bivouac. Vue imprenable. Des vallées. Des montagnes. Il fait bon ce soir. Le soleil se couche. Notre panorama prend une couleur douce. Comme la nuit.
Arrivons au lac de Therkhiin Tsagaan Nuur, « grand lac blanc ». A deux mille mètres d’altitude. Formé par une irruption volcanique du mont Khorgo, bloquant ainsi la rivière. Beaucoup de mélèzes. L’eau est à peine froide. Se baigner ? Le temps est frais. Orage et vent. Puis éclaircies et soleil couchant sur le lac. Bercés par le clapotis de l’eau. Repos…
Ce matin, la piste est de plus en plus dégradée. Le voyage est parfois difficile. C’est ce que je ressens aujourd’hui. Chaleur. Piste longue et cassante. Poussière à l’intérieur. Rien à voir à l’extérieur. Aridité du sol. Herbe brûlée. Pas de yourte. La piste n’en finit pas. Elle m’épuise, me prend mon énergie. Arrêt pour prendre de l’eau à un puits. Des chameaux sont là. Attendent de l’eau. Ont soif. Nous leur versons de ce précieux liquide. Ils sont là, tout près de nous… Bivouac. Vaste plaine. Beaucoup de moustiques. Zones d’eau stagnante.
De plus en plus de bruit dans le Land. Lui aussi commence à fatiguer. Il faut qu’il tienne ! Pratiquement neuf mille kilomètres de piste mongoles l’ont fragilisé. Souci mécanique depuis deux jours. L’amortisseur arrière ne tient plus. A chaque secousse, c’est l’enfer. Tout lâche. Il faut s’arrêter, le refixer avec l’espoir que cela tienne le plus longtemps possible. Par trois fois, Bruno le remet. Plus rien ne tient maintenant. Seule solution, le retirer et continuer à rouler sur le ressort. Rouler pendant plus de cent quarante kilomètres et plus de deux heures pour atteindre la ville de Khovd. Un homme en panne nous indique un atelier. Il faut refaire le filetage. Nous découvrons un petit atelier et au milieu de toute cette ferraille, une femme compose. Nous refait le filetage. Deux boulons achetés. Bruno remonte tout cela. Et là, génial ! Tout tient. Comme du neuf. Bivouac à côté de la ville. Parmi un paysage minéral. Les rochers s’embrasent au coucher du soleil. Ville située au milieu des montagnes, au nord de la chaîne de l’Altaï. Dans la région, vivent plus de trois cent mille Kazakhs qui disposent du statut de minorité linguistique et religieuse. On trouve une mosquée à Khovd et à Olgy. Le vent souffle. Balaye le sable des plaines. Tempête. Tout est voilé. Tout le long du cours d’eau, les yourtes sont là. Seule zone verte parmi cet espace de roches, de sable et de montagnes. Une autre face de la Mongolie.Reprenons la piste pour Ulaan Baatar. Mille quatre cent kilomètres. Quatre jours pour arriver… Epuisant… Au bout de deux jours de piste toujours aussi cassante, un nouveau bruit à l’avant du Land. Comme un claquement. Il faut s’arrêter, voire réparer. Bruno s’aperçoit que le silent bloc d’amortisseur de direction n’est plus là. Il en fabrique un et nous repartons. Toujours le même bruit qui continue ! On s’arrête à nouveau. Cette fois, c’est au niveau de l’amortisseur avant. Encore un silent bloc qui n’a pas supporté toute cette tôle ondulée. Remplacement de l’amortisseur par un d’occasion que nous avons en secours. Nous repartons rassurés et contents d’avoir décelé la panne… Patatrac, le bruit est toujours là !!! Nous sommes consternés. Plus de deux heures à réparer et avoir parcouru que cinq kilomètres. A nouveau, se coucher dans la poussière sous le Land. Bruno ressort avec le sourire. Cette fois, il a éclairci ce mystère. Le support d’amortisseur avant s’est complètement disloqué. Le métal s’est découpé au rythme de la tôle ondulée ! Rien à faire. Rejoindre Bayankhongor et faire ressouder la pièce. Cinquante kilomètres à vingt à l’heure. Trouver un soudeur. Il est déjà sept heures du soir. Il va passer plus de deux heures à souder et reconstituer les morceaux manquants. En espérant que cela tienne ! Il fait nuit maintenant. Sortons de la ville et cherchons un coin pour bivouaquer. Quelle journée…
Aujourd’hui, repos aux sources d’eaux chaudes de Shargaljuut. Plus de trois cent sources jaillissent à différentes températures. La plus chaude, 90 °C. Se plonger dans des baignoires où l’eau coule en permanence. Effet relaxant. Un petit bonheur…

mercredi 30 juillet 2008

La vallée de l’Orkhon à cheval.


Utiliser un autre mode de transport. Ici, seule la moto tente de remplacer ce mode de locomotion. Des hommes à moto ramènent leur troupeau !
Trois chevaux. Un cheval de bât. Et notre jeune guide, Peels. Ne parle pas un mot d’anglais. Partir six jours. S’immerger dans le quotidien des familles. Etre au plus près d’eux. Dormir sous la yourte. Premier jour. Départ sous un orage et une pluie diluvienne. Obligés de s’arrêter et d’attendre que la pluie cesse. Nous sommes trempés. Froid. Nous continuons en espérant revoir le soleil. Il est là. Nous sèche, nous réchauffe. Continuons notre progression dans les montagnes. Il est plus de sept heures. Nous arrivons au campement de la première famille. Accueillis. Prenons place sur les tabourets, toujours à gauche en entrant. Un bol de thé au lait salé. Du fromage séché, l’aaruul. Du lait de jument fermenté, l’aïrak. Goutons même à l’alcool mongol, alcool de lait de vache qui est blanc et doux. Retrouver cet univers chaud, feutré. Peu de lumière. Le poêle ronfle. Le feu crépite et nous éclaire un peu. On est bien. Préparation du repas. La femme s’affère. Elle est au centre de la vie. La cuisine. La traite des animaux. La cuisson du lait. L’entretien de la yourte. La couture. L’alimentation est le lait et ses dérivés ainsi que le mouton. Odeur aigrelette du lait qui flotte dans l’air. Repas de ce soir. Pâtes fraiches avec du mouton à l’odeur forte, le tout dans un bol plein de jus. Le mouton est conservé séché dans un sac. Dès qu’ils en ont besoin, il le sorte et à l’aide d’un marteau, ils broient les fibres sur un support métallique pour obtenir des petits morceaux. Nuit sous la yourte.
Ce matin, il pleut. Ciel gris. Décidons de rester ici en attendant une accalmie. Petit déjeuner au mouton. La femme va traire les juments, les vaches. Puis moment de couture. Confection d’un deel pour la fête du Nadaam. Elle sort sa machine à coudre. Elle fonctionne avec une manivelle. Clic, clic, le bruit de la machine alors que le tissu glisse doucement sous l’aiguille. Vivre le quotidien. Rythmé par les nombreuses tâches en fonction des troupeaux des quatre museaux : cheval, mouton, chèvre, yack. Du matin au soir. A chaque jour, des paysages superbes. Des vallées verdoyantes. Des cols avec leurs ovöos. Des familles chaleureuses et accueillantes. De plus en plus fatigués et de plus en plus mal aux fesses. Etapes entre six et huit heures de cheval ! Mais un tel plaisir à galoper parmi cette immensité. Se sentir libre de tout…
A chaque jour, une nouvelle famille. Les parents, les enfants. Confection du repas. Hier, pâtes au mouton. Ce soir, plat traditionnel composé de pâtes cuites à la vapeur accompagnées de mouton, de pommes de terre. Au petit-déjeuner, du riz au lait sucré.
Nous échappons parfois à l’orage arrivant à temps à la yourte ou bien passant dans une autre vallée. Trot saccadé des chevaux qui nous donnent de plus en plus mal aux fesses. Tenir bon. Nous croisons des familles qui changent de vallée et partent s’installer ailleurs avec charrettes chargées des yourtes et de tout le mobilier et les yaks qui les tirent.
Le soir venu, après le repas. Allumer les bougies, l’encens qui brûle. L’autel, au fond à gauche. Photos de famille. Photo du Dalaï Lama. Une statue du Bouddha. Bol où sont déposées les offrandes. Odeur agréable. Lumière feutrée. Plein de fatigue, nous nous endormons tout doucement…

jeudi 24 juillet 2008

Karakorum.

Ancienne capitale de l’empire mongol. Seulement pendant trente deux ans. Genghis Khan l’utilise comme centre de ravitaillement pour son armée. Place stratégique située au centre du pays. C’est « l’empire des steppes ». Elle deviendra aussi un haut lieu où des corps de métiers tels que l’orfèvrerie vont s’exercer suite à la capture d’artisans dans les pays conquis. Deux mosquées et une église orthodoxe avaient été construites. Aujourd’hui, plus une trace de cette vie d’avant. Ville paisible. Au milieu de vertes vallées. Yourtes. Troupeaux. Abondance de l’herbe. Température plus froide. Autour de 15°C. Ciel chargé. Menaçant. Il a beaucoup plu ici. Coulées de boue sur la route. Trouvons la Guesthouse de Pujee et Tuya, un couple de mongols. Guesthouse en travaux. Finalement, nous bivouaquons à côté de leur camp « d’hiver » et base de leur activité équestre. Organisent des treks à cheval. Leur site : http://www.horsetrails.mn/. Xavier, un français, vient chaque été et s’occupe de toute cette activité. Avons prévu de partir pendant six jours dans la vallée de l’Orkhon, région volcanique.
Visite du monastère d’Ederne Zuu, un des plus grands temples de la Mongolie. Construit sur les ruines de l’ancienne capitale. Il est impressionnant. Entouré de cent huit stupas. L’enceinte est composée de plusieurs temples. Ce matin, assister à une cérémonie. Rituels. Chaque geste est empreint de cette sagesse, de cette intériorité. Beauté de cet instant. Couleurs dominantes, le rouge, le jaune. Encens qui brûle. Odeurs…
Aller au marché. Peu de légumes. Quelques tomates, carottes, pommes de terre. Des œufs. Et surtout beaucoup de lait que l’on peut consommer liquide ou bien de façon « bonbon » séché. Puis, tout le nécessaire pour la yourte. Poêle. Bassines. Bouilloires. Meubles tous de couleur orange. Porte. Toiles. Super. Ainsi que le coin des Deel, habit traditionnel porté encore par les femmes et les hommes. Les bottes. Et puis tout pour équiper le cheval. Des selles, du cuir, des sangles…
Assister au Naadam. Eriin Gurvan Naadam soit les trois jeux virils, la lutte, la course de chevaux, l’archer. Fête qui se déroule au mois de juillet pendant deux jours. Les préparatifs ont commencé depuis deux jours. Montage de yourtes, des estrades, de la place principale pour les combats de lutte. A côté de la ville. Une grande vallée propice à la course des chevaux. Ce matin, c’est le premier jour. Ciel couvert. Pluie passagère. Puis grand ciel Bleu. Femmes et hommes sont vêtus de leur plus beau deel ou bien habit ordinaire. Les hommes sont venus à cheval ou à moto. Les enfants aussi. Il fait chaud. Les parapluies s’ouvrent comme des ombrelles. Les lutteurs sont là. Impressionnant par leur musculature. A leurs pieds, les bottes mongoles au bout retourné pour ne pas blesser la terre. A chaque fin de combat, la « danse » de l’aigle. Le lutteur étend ses bras et tourne lentement. La force toute en douceur. Moment émouvant. Voir les hommes les plus âgés. Se dire bonjour en échangeant sa tabatière. Gestes ancestraux qui commencent à se perdre… Arrivée de la course de chevaux. Ce sont des enfants pas plus hauts que trois pommes. Certains montent sans selle. Les parents sont là. Fiers de leur enfant et du cheval. Remise des médailles pour les chevaux. Les enfants repartent avec des présents.
Ce soir, nous préparons nos affaires. Départ pendant six jours à cheval dans la vallée de l’Orkhon, de yourte en yourte.