Une autre, puis une autre, encore une autre...
Six mois d'un voyage en itinerrance
Une autre, puis une autre, encore une autre...
Frissons. Nous descendons. Comme une histoire qui se termine. Pourtant, on voudrait qu’elle continue, qu’elle nous emmène plus loin, qu’elle nous raconte d’autres moments. Voilà, nous nous
retrouvons. Chaud au coeur. Mais dans nos têtes, tout se bouscule. Les mots nous manquent. Difficiles de parler. Je sens les larmes qui coulent de mes yeux encore éblouis par le bleu du ciel de Mongolie. J’essaye de les retenir. Vos paroles me ramènent ici. Me raccrochent. Je suis avec vous. Corporellement. Comment vous dire ce que nous avons vécu ? Que le voyage c’est ce sentiment de se sentir vivre… Les mots ne suffisent pas… Je me tourne vers vous pour accueillir vos sourires, vos regards qui brillent. Il fait bon d’être avec vous.
Traversons chaque pays. Pas trop envie de s’arrêter et de visiter. Etape à Zakopane. Beaucoup de touristes. Bivouac ce soir près de la rivière. Puis maintenant l’Autriche. De nombreux lacs. Faisons étape au bord d’un lac couleur bleue lagon. Se baigner. Prendre du temps au soleil. Puis direction l’Allemagne. Ensuite la France. Ici, tout semble pareil. Société de consommation. L’homme court après le temps, l’argent… L’Europe. Son uniformisation. Perdition des différences. Que va-t-il rester ?
Pas envie de faire de photos. Appareil rangé. Il s’est tu. Sauf les mots qui me poussent à écrire. Ecrire ce que je ressens… sur le chemin du retour…
Tout se mêle. Ambiguité. Envie de rester et à la fois envie de partir. J’ai des frissons. Envie de refaire le voyage pour mieux le vivre. Comme si on n’était pas vraiment prêt à tout saisir, ressentir, comprendre la première fois. Alors revenir un jour prochain. Une autre fois. Peut-être…
Aujourd’hui, c’est le départ. Passage de la frontière avec la Russie en direction du lac Baïkal. Nous remontons au nord. Plus de piste mais du goudron. Et toujours les yourtes, les troupeaux, les hommes à cheval. Grand ciel Bleu. Comme un cadeau ! Il fait déjà très chaud. Température de 37°C. Nous nous rapprochons de la frontière, moins de troupeaux, de yourtes. Le paysage
commence à changer. De moins en moins de steppes. Encore quelques yourtes, quelques chevaux. Puis, plus rien… Etrange sensation. Le poste frontière est là. Remplir les documents. Coup de tampon. La Russie nous accueille. Forêts. Eglises. Maisons de bois. Tout paraît petit, cloisonné. Barrières aux maisons. Plus cet espace de vie immense où le regard peut se perdre… Il se fait tard. Bivouac dans la forêt. Orage. Il commence à pleuvoir. Invasion de moustiques. Désagréable. Ce matin, il pleut à nouveau. Ciel bas. Gris dehors, gris dans mon cœur aussi. Ils me manquent déjà. Les troupeaux, les yourtes, les chevaux, leurs galops, leurs hennissements. Et puis les femmes et les hommes. Et les enfants aux joues toutes rondes. Et le vent des steppes…
Du 25 janvier au 21 février 2008