jeudi 31 juillet 2008

En route pour l’Ouest. Khovd.


Reprenons la piste pour la région de l’Arkhangaï après plusieurs jours à Karakorum. Reprendre le rythme. Piste roulante. Passage défoncé. La piste traverse le paysage dont le vert est dominant. Beaucoup de pluie. Beaucoup d’herbe pour les troupeaux. On les nomme les Cinq Museaux avec les chameaux en plus. De nombreux troupeaux de yacks ici. Plein de poils. Impressionnants. Emettent un drôle de grognement. Pas trop rassurée quand il faut passer à côté. Bivouac. Vue imprenable. Des vallées. Des montagnes. Il fait bon ce soir. Le soleil se couche. Notre panorama prend une couleur douce. Comme la nuit.
Arrivons au lac de Therkhiin Tsagaan Nuur, « grand lac blanc ». A deux mille mètres d’altitude. Formé par une irruption volcanique du mont Khorgo, bloquant ainsi la rivière. Beaucoup de mélèzes. L’eau est à peine froide. Se baigner ? Le temps est frais. Orage et vent. Puis éclaircies et soleil couchant sur le lac. Bercés par le clapotis de l’eau. Repos…
Ce matin, la piste est de plus en plus dégradée. Le voyage est parfois difficile. C’est ce que je ressens aujourd’hui. Chaleur. Piste longue et cassante. Poussière à l’intérieur. Rien à voir à l’extérieur. Aridité du sol. Herbe brûlée. Pas de yourte. La piste n’en finit pas. Elle m’épuise, me prend mon énergie. Arrêt pour prendre de l’eau à un puits. Des chameaux sont là. Attendent de l’eau. Ont soif. Nous leur versons de ce précieux liquide. Ils sont là, tout près de nous… Bivouac. Vaste plaine. Beaucoup de moustiques. Zones d’eau stagnante.
De plus en plus de bruit dans le Land. Lui aussi commence à fatiguer. Il faut qu’il tienne ! Pratiquement neuf mille kilomètres de piste mongoles l’ont fragilisé. Souci mécanique depuis deux jours. L’amortisseur arrière ne tient plus. A chaque secousse, c’est l’enfer. Tout lâche. Il faut s’arrêter, le refixer avec l’espoir que cela tienne le plus longtemps possible. Par trois fois, Bruno le remet. Plus rien ne tient maintenant. Seule solution, le retirer et continuer à rouler sur le ressort. Rouler pendant plus de cent quarante kilomètres et plus de deux heures pour atteindre la ville de Khovd. Un homme en panne nous indique un atelier. Il faut refaire le filetage. Nous découvrons un petit atelier et au milieu de toute cette ferraille, une femme compose. Nous refait le filetage. Deux boulons achetés. Bruno remonte tout cela. Et là, génial ! Tout tient. Comme du neuf. Bivouac à côté de la ville. Parmi un paysage minéral. Les rochers s’embrasent au coucher du soleil. Ville située au milieu des montagnes, au nord de la chaîne de l’Altaï. Dans la région, vivent plus de trois cent mille Kazakhs qui disposent du statut de minorité linguistique et religieuse. On trouve une mosquée à Khovd et à Olgy. Le vent souffle. Balaye le sable des plaines. Tempête. Tout est voilé. Tout le long du cours d’eau, les yourtes sont là. Seule zone verte parmi cet espace de roches, de sable et de montagnes. Une autre face de la Mongolie.Reprenons la piste pour Ulaan Baatar. Mille quatre cent kilomètres. Quatre jours pour arriver… Epuisant… Au bout de deux jours de piste toujours aussi cassante, un nouveau bruit à l’avant du Land. Comme un claquement. Il faut s’arrêter, voire réparer. Bruno s’aperçoit que le silent bloc d’amortisseur de direction n’est plus là. Il en fabrique un et nous repartons. Toujours le même bruit qui continue ! On s’arrête à nouveau. Cette fois, c’est au niveau de l’amortisseur avant. Encore un silent bloc qui n’a pas supporté toute cette tôle ondulée. Remplacement de l’amortisseur par un d’occasion que nous avons en secours. Nous repartons rassurés et contents d’avoir décelé la panne… Patatrac, le bruit est toujours là !!! Nous sommes consternés. Plus de deux heures à réparer et avoir parcouru que cinq kilomètres. A nouveau, se coucher dans la poussière sous le Land. Bruno ressort avec le sourire. Cette fois, il a éclairci ce mystère. Le support d’amortisseur avant s’est complètement disloqué. Le métal s’est découpé au rythme de la tôle ondulée ! Rien à faire. Rejoindre Bayankhongor et faire ressouder la pièce. Cinquante kilomètres à vingt à l’heure. Trouver un soudeur. Il est déjà sept heures du soir. Il va passer plus de deux heures à souder et reconstituer les morceaux manquants. En espérant que cela tienne ! Il fait nuit maintenant. Sortons de la ville et cherchons un coin pour bivouaquer. Quelle journée…
Aujourd’hui, repos aux sources d’eaux chaudes de Shargaljuut. Plus de trois cent sources jaillissent à différentes températures. La plus chaude, 90 °C. Se plonger dans des baignoires où l’eau coule en permanence. Effet relaxant. Un petit bonheur…

mercredi 30 juillet 2008

La vallée de l’Orkhon à cheval.


Utiliser un autre mode de transport. Ici, seule la moto tente de remplacer ce mode de locomotion. Des hommes à moto ramènent leur troupeau !
Trois chevaux. Un cheval de bât. Et notre jeune guide, Peels. Ne parle pas un mot d’anglais. Partir six jours. S’immerger dans le quotidien des familles. Etre au plus près d’eux. Dormir sous la yourte. Premier jour. Départ sous un orage et une pluie diluvienne. Obligés de s’arrêter et d’attendre que la pluie cesse. Nous sommes trempés. Froid. Nous continuons en espérant revoir le soleil. Il est là. Nous sèche, nous réchauffe. Continuons notre progression dans les montagnes. Il est plus de sept heures. Nous arrivons au campement de la première famille. Accueillis. Prenons place sur les tabourets, toujours à gauche en entrant. Un bol de thé au lait salé. Du fromage séché, l’aaruul. Du lait de jument fermenté, l’aïrak. Goutons même à l’alcool mongol, alcool de lait de vache qui est blanc et doux. Retrouver cet univers chaud, feutré. Peu de lumière. Le poêle ronfle. Le feu crépite et nous éclaire un peu. On est bien. Préparation du repas. La femme s’affère. Elle est au centre de la vie. La cuisine. La traite des animaux. La cuisson du lait. L’entretien de la yourte. La couture. L’alimentation est le lait et ses dérivés ainsi que le mouton. Odeur aigrelette du lait qui flotte dans l’air. Repas de ce soir. Pâtes fraiches avec du mouton à l’odeur forte, le tout dans un bol plein de jus. Le mouton est conservé séché dans un sac. Dès qu’ils en ont besoin, il le sorte et à l’aide d’un marteau, ils broient les fibres sur un support métallique pour obtenir des petits morceaux. Nuit sous la yourte.
Ce matin, il pleut. Ciel gris. Décidons de rester ici en attendant une accalmie. Petit déjeuner au mouton. La femme va traire les juments, les vaches. Puis moment de couture. Confection d’un deel pour la fête du Nadaam. Elle sort sa machine à coudre. Elle fonctionne avec une manivelle. Clic, clic, le bruit de la machine alors que le tissu glisse doucement sous l’aiguille. Vivre le quotidien. Rythmé par les nombreuses tâches en fonction des troupeaux des quatre museaux : cheval, mouton, chèvre, yack. Du matin au soir. A chaque jour, des paysages superbes. Des vallées verdoyantes. Des cols avec leurs ovöos. Des familles chaleureuses et accueillantes. De plus en plus fatigués et de plus en plus mal aux fesses. Etapes entre six et huit heures de cheval ! Mais un tel plaisir à galoper parmi cette immensité. Se sentir libre de tout…
A chaque jour, une nouvelle famille. Les parents, les enfants. Confection du repas. Hier, pâtes au mouton. Ce soir, plat traditionnel composé de pâtes cuites à la vapeur accompagnées de mouton, de pommes de terre. Au petit-déjeuner, du riz au lait sucré.
Nous échappons parfois à l’orage arrivant à temps à la yourte ou bien passant dans une autre vallée. Trot saccadé des chevaux qui nous donnent de plus en plus mal aux fesses. Tenir bon. Nous croisons des familles qui changent de vallée et partent s’installer ailleurs avec charrettes chargées des yourtes et de tout le mobilier et les yaks qui les tirent.
Le soir venu, après le repas. Allumer les bougies, l’encens qui brûle. L’autel, au fond à gauche. Photos de famille. Photo du Dalaï Lama. Une statue du Bouddha. Bol où sont déposées les offrandes. Odeur agréable. Lumière feutrée. Plein de fatigue, nous nous endormons tout doucement…

jeudi 24 juillet 2008

Karakorum.

Ancienne capitale de l’empire mongol. Seulement pendant trente deux ans. Genghis Khan l’utilise comme centre de ravitaillement pour son armée. Place stratégique située au centre du pays. C’est « l’empire des steppes ». Elle deviendra aussi un haut lieu où des corps de métiers tels que l’orfèvrerie vont s’exercer suite à la capture d’artisans dans les pays conquis. Deux mosquées et une église orthodoxe avaient été construites. Aujourd’hui, plus une trace de cette vie d’avant. Ville paisible. Au milieu de vertes vallées. Yourtes. Troupeaux. Abondance de l’herbe. Température plus froide. Autour de 15°C. Ciel chargé. Menaçant. Il a beaucoup plu ici. Coulées de boue sur la route. Trouvons la Guesthouse de Pujee et Tuya, un couple de mongols. Guesthouse en travaux. Finalement, nous bivouaquons à côté de leur camp « d’hiver » et base de leur activité équestre. Organisent des treks à cheval. Leur site : http://www.horsetrails.mn/. Xavier, un français, vient chaque été et s’occupe de toute cette activité. Avons prévu de partir pendant six jours dans la vallée de l’Orkhon, région volcanique.
Visite du monastère d’Ederne Zuu, un des plus grands temples de la Mongolie. Construit sur les ruines de l’ancienne capitale. Il est impressionnant. Entouré de cent huit stupas. L’enceinte est composée de plusieurs temples. Ce matin, assister à une cérémonie. Rituels. Chaque geste est empreint de cette sagesse, de cette intériorité. Beauté de cet instant. Couleurs dominantes, le rouge, le jaune. Encens qui brûle. Odeurs…
Aller au marché. Peu de légumes. Quelques tomates, carottes, pommes de terre. Des œufs. Et surtout beaucoup de lait que l’on peut consommer liquide ou bien de façon « bonbon » séché. Puis, tout le nécessaire pour la yourte. Poêle. Bassines. Bouilloires. Meubles tous de couleur orange. Porte. Toiles. Super. Ainsi que le coin des Deel, habit traditionnel porté encore par les femmes et les hommes. Les bottes. Et puis tout pour équiper le cheval. Des selles, du cuir, des sangles…
Assister au Naadam. Eriin Gurvan Naadam soit les trois jeux virils, la lutte, la course de chevaux, l’archer. Fête qui se déroule au mois de juillet pendant deux jours. Les préparatifs ont commencé depuis deux jours. Montage de yourtes, des estrades, de la place principale pour les combats de lutte. A côté de la ville. Une grande vallée propice à la course des chevaux. Ce matin, c’est le premier jour. Ciel couvert. Pluie passagère. Puis grand ciel Bleu. Femmes et hommes sont vêtus de leur plus beau deel ou bien habit ordinaire. Les hommes sont venus à cheval ou à moto. Les enfants aussi. Il fait chaud. Les parapluies s’ouvrent comme des ombrelles. Les lutteurs sont là. Impressionnant par leur musculature. A leurs pieds, les bottes mongoles au bout retourné pour ne pas blesser la terre. A chaque fin de combat, la « danse » de l’aigle. Le lutteur étend ses bras et tourne lentement. La force toute en douceur. Moment émouvant. Voir les hommes les plus âgés. Se dire bonjour en échangeant sa tabatière. Gestes ancestraux qui commencent à se perdre… Arrivée de la course de chevaux. Ce sont des enfants pas plus hauts que trois pommes. Certains montent sans selle. Les parents sont là. Fiers de leur enfant et du cheval. Remise des médailles pour les chevaux. Les enfants repartent avec des présents.
Ce soir, nous préparons nos affaires. Départ pendant six jours à cheval dans la vallée de l’Orkhon, de yourte en yourte.

mercredi 9 juillet 2008

Le désert de Gobi.





Direction le sud. Le désert de Gobi. Un autre désert que celui de l’Afrique. La piste est agréable. Roulante. Odeur de poussière qui pénètre à l’intérieur. Etape pour aller voir un site de rochers et de montagnes qui culminent à plus de mille sept cent mètre, Baga Gadzin Chulu. Puis soudain, le ciel s’assombrit. Menace d’orage. De plus en plus noir. Du vent qui happe la poussière et la transporte. Ciel chargé de tout cela qui devient noir orange. Nous assistons à ce spectacle qui s’amplifie de minute en minute. Drôle de sensations. De plus en plus noir et de plus en plus chargé de cette poussière. Magnifique. Cela vient sur nous. S’arrêter. Regarder. Faire des photos. Puis très vite, remonter dans le Land pour se protéger. Tempête de sable et de pluie. Cela souffle fort. Génial ! On se sent tout petit face aux éléments de la nature et de leurs forces. Tout se désagrège ensuite. Fini. Bivouac ici.
Ce matin, beaucoup de vent. Le soleil est là. Vent du Gobi. Course des nuages. De plus en plus de chameaux. Quelques troupeaux de chevaux, de vaches et de moutons. Broutent l’herbe devenue presque jaune. Rareté de l’eau. Ici, elle est un tresor. Puits dans le désert. Abreuvoir pour les animaux. Ils sont autour du puits. Chameaux, chevaux, vaches. Autre paysage de la Mongolie. Etonnant contraste avec le vert des steppes.
Arrêt dans une ville. La galerie s’est dessoudée. La faire réparer. Trouver un garage. Protéger les glaces. Quelques courses au marché. Nous repartons. Nous nous approchons de la zone des dunes. Appelée Khongoriin Els. Au loin, elles apparaissent. Le soleil fait miroiter le sable doré. Elles deviennent de plus en plus hautes. La plus élevée, trois cent mètres. Nous voici au pied. S’empresser de les gravir, de mettre nos pieds dans le sable chaud. Elles sont appelées les dunes chantantes. Etrange phénomène. Du sommet, le sable glisse provoquant un « chant » long et grinçant. Comme le bruit d’un moteur d’avion. Coucher du soleil. Couleurs chatoyantes. Les dunes deviennent roses puis de plus en plus foncées. Spectacle éblouissant à nos yeux tous émerveillés. Assister à cela du haut de la dune. Contempler le monde !
Nous repartons en longeant le cordon dunaire long de plus de cent kilomètres. Tout autour des montagnes.
Direction le nord pour rejoindre la ville de Karakorum. Sur la route, s’arrêter à Bayandzag. Site sur lequel ont été trouvés les grands squelettes de dinosaures. Aller les voir au musée d’histoire naturelle à Ulaan Baatar. Ce soir, bivouac au pied des falaises ocres. Imaginer un instant le déplacement et l’arrivée de ces gigantesques animaux. Fouler le sol qui garde quelque part cette empreinte et leur histoire. Le soleil se couche. Eclatement de couleurs !

mardi 8 juillet 2008

Ulaan Baatar, une autre image de la Mongolie.





Sur la route qui nous mène à la capitale, aller voir le monastère d’Amarbayasgalant. Monastère de la « Félicité Tranquille ». Tout au fond d’une très belle vallée. Première fois que nous pénétrons dans un monastère bouddhique. Il est en activité. Plusieurs dizaines de moines vivent ici. Au plus fort de son activité, plus de huit mille moines habitaient dans ce lieu. La période d’occupation soviétique a été dévastatrice. Moines exécutés ou renvoyés de force à une vie civile. Monastères détruits ou bien transformés en musée. Aujourd’hui, le bouddhisme est la religion dominante du pays.
Ici, toute une harmonie de couleurs. Du rouge, du jaune, de l’orange. Se trouver en face de statues divinatoires aux dimensions géantes sans en connaître le nom ni sa représentation. Envie d’en savoir plus.
Arrivée sur Ulaan Baatar. Voir la capitale et son contraste avec la vie nomade. Choc ! Ici, le cœur de la ville où se dressent les immeubles en direction du ciel bleu. Rêve de grandeur. Puis, tout autour les quartiers des yourtes qui se retrouvent « parquées ». Quartiers appelés « Yourte-ville ». Espace réduit, limité avec des barrières. Ici, une autre Mongolie. Celle qui réduit l’homme à devenir dépendant d’elle. Besoins nouveaux pour lui. La course du temps, de l’argent. Et puis à côté, tout près. Des enfants errent dans la rue. La ville crée cet écart entre les hommes. Ces enfants n’ont pas les joues rondes et rouges fouettées par le vent des steppes…