vendredi 27 juin 2008

Le lac Khovsgol.


La piste se poursuit. Des cols. Des vallées. Et toujours ce paysage grandiose, à la limite du vertige. Vaciller… Chaque jour qui passe me fait saisir l’immensité de ce pays. Nous ne faisons pas plus de deux cent kilomètres par jour. Sensation de ne jamais arriver à toucher le point final. Toujours plus loin. Continuer. Encore. Des yourtes installées dans les steppes vertes. Toujours des chevaux qui galopent, crinière au vent. Hennissement…Etape à Moron. Halte attendue après plusieurs jours de piste. Se poser. Se doucher. Bruno en profite pour regarder le Land. Des bruits suspects depuis deux jours. Roulements de roues et croisillons de cardans changés. On repart.
Plus nous approchons du lac Khövsgöl, plus la forêt est présente. Ce sont des mélèzes. La température change aussi. Le lac est appelé la Perle Bleue de Mongolie. Ses eaux sont si limpides et si pures que l’on peut la boire. Il représente deux pour cent des réserves d’eau douce de la planète ! Il s’étire tout en longueur et tout autour les mélèzes apportent la touche verte. Une autre image de la Mongolie. Ici vivent l’ethnie des Tsaatans, éleveurs de rennes. Il ne reste qu’une quarantaine de familles. Ils ne vivent pas sous une yourte mais un tipi. A l’intérieur, le strict nécessaire. Pas de meubles. Seulement un poêle et des peaux étendues au sol pour dormir. Région aussi des Chamanes, « celui qui sait ». Pratique dérivée des croyances animistes. On fait souvent appel à eux.
Bivouac au bord du lac. Ciel dégagé. Nuit étoilée. Froid. - 4°C dehors. - 2°C à l’intérieur. Nous nous glissons sous la couette. Décidons de partir à la rencontre d’une famille Tsaatan qui vit au bord du lac pendant l’été. Balade à cheval avec notre cavalier. Il ne parle pas anglais. Nous, que quelques mots en mongol. Belle journée. Soleil. Rencontre avec cette famille Tsaatan. Tout autour du tipi, leur troupeau de rennes. Etranges animaux. Robe soyeuse et leurs bois sont comme du velours au toucher. Trottons dans la forêt. Odeurs… Narines écartées. Se laisser aller par le pas du cheval. Sentir, ressentir. Force de la nature, de ses éléments… Puis les chants de notre cavalier. J’en frissonne. La forêt semble aimer elle aussi. Se sentir transporté. S’imprégner de tous ces moments, comme une inscription dans mon corps. Energie… Ce matin. Pluie. Nous découvrons la Perle Bleue sous une autre lumière. Autre ambiance.
Reprenons la piste. Les gouttes d’eau s’accrochent à la vitre. Dehors, de leurs toits, les yourtes laissent échapper leur ruban de fumée. Elles vont réchauffer le cœur des hommes.
Ce soir, nous cherchons un bivouac. Prenons une piste qui grimpe dans la montagne. Arrivons vers une yourte. Un cavalier arrive et voit que nous allons nous installer. Il nous invite à venir chez lui. Pénétrons dans la yourte. Ne pas toucher le seuil de la porte. Se diriger à gauche. Place des invités. Puis s’assoir. Thé et yogourt nous sont offerts. Saisir le bol de la main droite en plaçant la main gauche sous le coude. Nous dégustons. C’est bon. La femme sourit. A l’intérieur de la yourte, des médailles sont pendues. Comme des trophées. C’est un passionné. Il possède quatre chevaux. Il a remporté des courses en 2006. Il est très fier de ses chevaux. En Mongolie, ce sont les chevaux qui reçoivent tous les honneurs et non le cavalier. Puis l’homme leurs prépare à manger. Une grosse marmite est sur le feu. Il soulève le couvercle et sort, toute fumante, une tête de mouton. Est-ce le repas de ce soir ? Une odeur forte se répand dans la yourte. Moins à notre goût. Comme il se fait déjà tard, nous lui expliquons que nous allons nous coucher. Le lendemain, nous allons boire le thé. Un homme à moto vient d’arriver, accompagné de deux femmes. En fait c’est un Lama. Il installe son autel sur un carton. Pose un livre qui contient des feuilles. Encens qui brûle. Purifier. Lait dans une coupelle. Aliments offerts. Nous assistons à la séance. Protéger la yourte, toute la famille et les chevaux. Le chamane récite tout haut et très vite. Il s’arrête. Lance du lait dans l’air. Reprend son récital. Fait passer l’encens pour que chacun puisse s’entourer de la fumée. Nous aussi. Les chevaux aussi. La séance dure plus d’une heure. Nous partageons ensuite le repas. Des pâtes fraîches. Servies avec le bouillon de la tête de mouton à laquelle nous avions cru échapper la veille. Odeur forte. Puis le Lama se saisit de la tête et racle les os presque goulument. Il nous offre un morceau. Impossible de refuser. Je mange. Avalé. Un morceau me suffit ! Fin du repas. Le moine enfourche sa moto avec les deux personnes qui l'accompagnent et continue son chemin à travers la steppe. Quant à nous, nous disons au revoir à cet homme passionné et sa famille. Partir. Reprendre la piste. Poussière. Trous. Bosses…

4 commentaires:

Régine JOSEPHINE a dit…

oups, pour le mouton, bon appétit... Mais c'était offert de si bon coeur, n'est-ce pas ?

Unknown a dit…

je vous accompagne ... avec google earth, c'est pas la même ivresse mais d'un autre côté sur Google Earth y'a pas de mouton !! :-))

Régine JOSEPHINE a dit…

C'est une si belle nouvelle que je voulais que vous soyez au courant, au cas où sous votre ciel bleu, elle ne vous serait pas encore parvenu : Ingrid Bettancourt a été LIBEREE !!!!
Bises à vous deux ! ;-)))

Fabrice et Elsa a dit…

Salut Sylviane et Bruno,

Après tout ce temps,alors qu'il pleuviotte ce matin sur Brout-Vernet, nous partons vous rejoindre quelques minutes.Les photos promettent d'être belles.
Je suis ravie de voir que vous avez décidé de tester la ballade à cheval...vous verez vous allez abandonner le land... et si vous pouvez nous ramener un cheval de la-bas on sera ravi!

Biz à vous et à bientôt.
Elsa et Fabrice